Bon je vais tenter de vous raconter ce périple dans lequel je me suis lancé avec Alain mais c’était pour cette fois tellement long que je ne sais pas si je vais arriver à me souvenir de tout ce qui s’est passé sur environ 130 bornes et prêt de 20 heures de course sur 2,5 jours.
Tout a commencé quand même dés lundi par notre programme de dopage et d’abstinence d’alcool et de toute cochonnerie (alimentaire) pour essayer de ne pas chopper de crampes sur le raid. Préparation qui a été peaufinée jusqu’au jeudi 15h où Alain a débarqué direction Marvejols. Beau petit village enclavé dans pleins de petits mamelons comme le dit si bien Alain. Après avoir déposé nos affaires et nous être installés chez les parents d’Anne (Femme du pote d’Alain que je remplace) nous voici sur la ligne de départ à 22h du soir (dans la nuit…) avec nos frontales et notre matos de CAP qu’Alain avait soigneusement préparé avant la course (Camel, casque, frontale, gants, veste.. vaseline…).
A 22h le départ est donné pour les 32 équipes qui étrangement pour cette fois s’étaient échauffées avant le départ des 9 km vers le Truc du midi (nom de la montagne) et son antenne. On s’élance donc sur la course en montagne pour 450 de déniv + et - et très vite on se retrouve dans les derniers. Je ne sais pas quel dopage avaient pris les autres mais surement plus fort que nous mais on s’accroche comme des morbacs. Au bout de 5 minutes de course Alain commence a fuiter du cul (fuite du camel)… Alors je tente de regarder en courant car il ne fallait pas que nous soyons quand même totalement derniers (Objectif du raid) en essayant de lui dire que ce n’était pas grave et que je partagerai mon eau avec lui. Cependant l’avarie ne s’arrêtait pas là puisque l’eau avait atteint aussi la cale de son camel où se trouvait la batterie de sa frontale qui commençait du coup à clignoter dans la nuit noire de chez noire.
Bref il était en train de sombrer, ce qui le força à s’échouer au moins 3 minutes pour réparer. A ce moment autant vous dire que nous étions bel et bien les derniers avec le coureur ballet de l’assistance. Ce n’était pas trop grave car il restait encore 125 kilomètres. Après réparation, nous repartons dans la nuit devant le coureur ballet et avec un nouvel objectif de court terme :
1- semer le coureur ballet (celui là, il n’est pas arrivé à nous doubler)
2- et ne pas finir dernier (dépasser au moins un autre groupe..plus dur ça)
Donc on court, on monte on descend et au bout de quelques km on finit par dépasser une équipe unijambistes (Non je déconne) et au final une seconde (seule équipe de fille) pour arriver antépénultième mais surtout fatigués et le droit d’aller se coucher avec encore Alain que je n’ai pas lâché durant ces 2,5 jours. Enfin j’aurais bien aimé le faire durant la nuit car avec mon sommeil léger et les efforts avant de se coucher je ne suis pas arrivé à dormir avant 1h30 pour un nouveau départ à 8h matin.
Au départ de cette seconde journée de Bonnecombe quelques courbatures se font sentir mais jusqu’à là tout va bien car on sait que le pire reste à venir.
La température à 1357m n’était pas très élevée à 8h du matin mais on a de la chance car il n’y a pas de neige ni de pluie. On s élance donc dans la première section CO de 9km à travers des sortes de marécages où il était difficile de courir et où il y avait quand même pas mal de zones très très humides. (Impossible de ne pas avoir les pieds mouillés durant toute la CO, mais jusqu'à là j’essaye de ne pas marcher dans l’eau quand cela est possible).
Alain plonge dans la carte et trouve les balises sans mon aide ou plutôt malgré mes questions (questions qui le perturbe parfois mais il faut bien que je lui rajoute des handicaps). Nous arrivons assez facilement sur la fin de l’épreuve où je suis en charge de pointer les balises et je m’aperçois que je n’ai pas pointé la dernière balise qui se trouvait à 200m plus bas. Avec la fatigue, la buée sur les lunettes, j’y suis passé à 1 m et je ne l’ai pas vu ( ma presbytie aussi). A ce moment j’ai cru qu’Alain allait se fissurer en 2 et moi aussi car il fallait que je redescende vite en bas pour aller la pointer. Chose dans laquelle je me suis lancé immédiatement mais qui nous fit perdre quelques places… Bref prés avoir récupéré la balise et terminé la section on enchaina sur le run and bike qui fut pour moi assez pénible car j’ai du mal à mélanger les activités…Courir et rouler…..
Sur le papier il n’y avait que 7km mais ce fut super dur de faire ces petits 142 de deniv dans des zones impraticables que ce soit pour courir que pour rouler. Temps bien que mal, nous terminons cette section pour enchainer sur du VTT 18km suivi d’itinéraire où cette fois on prit du plaisir car il n’y eu que 290 de deniv + et 1092 de descente. Heureusement qu’il y a ces sections qui remontent le moral et rechargent les batteries du moral. Ensuite petit trail de 6km pour recommencer de casser les jambes. A ce moment Alain commence à trainer et à pester en disant que de toute manière il n’aime pas le trail. Il faut dire qu’il me fait à chaque fois le même coup.
En CO, j’ai du mal à le suivre et en trail, c’est limite s’il ne faut pas que je le traine. C’est incroyable. Les sections s’enchainent et nous arrivons au VTT Road book pour lequel j’avais comme tache de calculer les distances entre les débranchements. Autant vous dire qu’il fallait que j’arrête de déconner et de ne pas refaire d’erreur (comme la balise 1 de la première co). (Arrêter de poser des questions, de prendre des photos…) De toutes les façons, 13 km de vtt sur le papier c’était pour nous de la gnognote mais il y avait 574 de deniv positif et ce n’était pas négligeable. Au final, cette section nous a bien entamé et surtout la montée dite « de la présidente » où j’ai pu prendre la dernière photo de la journée car mon téléphone était arrivé au bout de se batterie. C’était en fait du gros dénivelé dans lequel on devait porter le VTT à travers les arbres. A ce stade, nous étions bien entamés et il fallait en garder sous les pieds car il restait encore 3 sections dont encore une CO de 8km… Au terme de la journée, nous finissons par arriver enfin sur la dernière CO qui bien que facile s’est déroulée dans la ville de « La Cannourgue » (pour ceux qui connaisse) et son ruisseau qui serpente dans tout le village. Et bien toute la CO a terminé dans ce ruisseau qui parfois avait des tendances de petit torrent qu’il fallait remonter. (J’ai quand même un peu flippé à un moment)
Et enfin nous sommes arrivés à la fin de la 1ere journée vers 17h. Ce que je n’ai pas dit c’est que nous avions une super assistance pour nous préparer les VTT nous porter les chaussures et prendre un peu soin de nous.
A ce moment, je me pose quand même des questions car j’ai des courbatures dans les jambes, les tendons d’Achilles qui grincent, une ampoule dans la main et la fatigue qui se cumule et je me dis que la journée du lendemain est pire. Je ne vous parle pas d’Alain qui est dans le même état que moi mais avec un genou en vrac.
Bref la nuit passe sans que pour cela je dorme mieux mais bon, quand on aime on ne compte plus.
La journée du samedi s’annonçait déjà inquiétante car il y avait plus de dénivelé, une alerte d’orage et de neige en fin de journée, nous perdions notre assistance et surtout on commençait par un trail plus long que le premier et avec plus de déniv.
Bizarrement, il y avait beaucoup moins de monde qui s’échauffait avant ce trail de 653 de deniv… Le départ est donné et on s’élance pour les 10 bornes et durant au moins 1 km, on ne se parle pas car nous étions à l’écoute de notre corps et voir comment il réagissait. Pour ma part, de petites douleurs se déplaçaient des pieds aux genoux mais jusqu'à là tout allait bien. Alain râle tout le long car il n’aime pas le trail et moi je prends des photos. Puis on enchaine sur le Road book presque aussi dur que le premier et s’accrochant au binôme de filles qui nous suivons depuis le début. Il fallait nous voir dans cette épreuve car je devais annoncer à Alain les distances parcourues en roulant mais lui comme moi sommes un peu sourd sur les bords et la distance annoncée n’était jamais bonne car dès que je lui annonçais une distance il me disait « quoi ??? » alors j’étais obliger de lui annoncer à nouveau la nouvelle distance car on ne devait pas s’arrêter. Un sketch
L’objectif était pour moi de ne pas les lâcher (les filles) pour concerver le moral et ne pas finir dernier. C’était un Binôme atypique composé d’une fille toute svelte qui tractait depuis le début une autre qui devait faire pratiquement 2 fois son poids mais avec une patate égale à la notre voire plus puisque au final elles sont arrivées juste devant nous. Le pire dans l’histoire, c’est que cet équipage avait fait le raid des dentelles 4 jours avant. Raid qui consiste à tenir 24h non stop…. No comment. Je vais vous épargner les autres sections dans lesquelles nous avons alterné entre plaisir, souffrances et doutes.
Nous avons terminé par une épreuve de tir à la carabine où la j’ai été un vrai sniper puisque j’ai manqué juste une seule cible sur 5.
Au final c’était quand même dur ce Gevaudathlon et avec un peu d’entrainement et beaucoup de mental tout le mode peu y arriver comme le dit Alain. Sinon pour le sourire des photos, c’est plus une réaction à des douleurs qui laisse paraitre ça comme un sourire. J’avoue quand même que quelques fois j’étais plus trop étanche en fin de journée…
Merci Alain de m’avoir supporté durant tout ce temps où tu passes dans tous les états : plaisir, doutes, énervement, joie, stress… mais globalement c’est là que tu vois la véritable face des personnes et je peux dire qu’il est patient et tenace cet Alain.
Alain, je te laisse compléter car j'ai du louper plein d'anecdotes et ta vision ....:-)
Lunas (fait)
paca raid (fait)
raid des corbières (fait)
Saucona raid (fait)
Gevau (fait)
raid des dentelles (celui de 24h) (prochain)
le dernier raid sur 5 jours raid in france (prochain)
Aprés j'arrête les raids